Au détour d’une ruelle, passé le souk des olives, à deux pas de la mosquée de la Place Jemaa El Fna…une odeur d’agneau rôti vient vous titiller les narines.
Amis végétariens, passez votre chemin!
MECHOUI ET TANGIA
Ce recoin, popularisé sous le nom anglais de Mechoui Alley, ne ravira que les carnivores amateurs de viande de mouton. Quelques échoppes s’y succèdent, proposant aux passants leurs plats de méchouis et Tangias. La Tangia est une recette associée à la ville de Marrakech. Préparé traditionnellement par les hommes, ce plat de viande mijote dans un pot de terre fermé pendant 4 à 6 heures dans les cendres du four à bois du quartier, mitoyen du hammam ou dans les fours enterrés comme ici. Outre la viande d’agneau ou de veau, on cuisinera de l’ail, des citrons confits, du persil et coriandre, du cumin, de l’huile d’olive, un soupçon de de beurre rance, du safran et le mélange d’épices.
Le méchoui est un mouton ou agneau rôti sur feu de bois ou sur les braises d’un four souterrain. La viande est ainsi cuite à la perfection, tendre et savoureuse.
Le morceau est servi ici avec un mélange de sel et de cumin. Pas de manières, pas de chichis dans ces petites gargotes où vous pourrez déguster sur des tables collectives, votre portion de méchoui. Ni assiettes, ni couverts, un plateau, le pain et les pinces naturelles feront l’affaire. Effectivement, on se lèchera le bout des doigts!
Le thé à la menthe, bien chaud et mousseux, généreusement sucré, accompagne agréablement le mets.
STREET FOOD, CUISINE DE RUE
Beaucoup de clients , touristes et locaux, font la queue pour accéder au graal rôti! Une enseigne domine les autres qui servent, cependant la même chose. Aujourd’hui j’ai choisi El Alami au visage bienveillant, aux yeux rieurs.
Pour deux personnes on nous propose 800 grammes de méchoui. Le morceau, essentiellement maigre, nous est servi à peine extirpé du trou du four. Sur le comptoir, les têtes de mouton vous regardent!
Âmes trop sensibles et délicates, passez aussi votre chemin!
Les doigts déchirent la viande. On se brûle un peu. C’est chaud, c’est basique, on ne peut plus naturel, c’est bon, c’est délicieux quand on aime!
On peut aussi emporter sa portion de méchoui à la maison pour la déguster dans un cadre plus douillet, avec un art de la table plus conventionnel et élégant.
Mais ce serait dommage de se passer de cette ambiance si typique, si conviviale.
La street food, cuisine de rue, est très tendance! La Mechoui Alley en est un bel exemple qui s’ignore. Elle ne doit pas faire seulement saliver les passants, mais être une fenêtre ouverte sur la culture locale, sur les us et coutumes d’un pays, d’une place, d’une rue.
La cuisine de rue doit favoriser les échanges humains, offrir encore des paroles, des regards, des sourires et des rires.
Au Maroc, à Marrakech, dans le dédale des souks colorés, on ne s’en lasse jamais!